Questions à Jean-Luc Beylat, Président de l’AFPC

Jean-luc Beylat, Président de l’AFPC

Association Française des Pôles de Compétitivité

« Les SRC ont une capitalisation forte depuis de nombreuses années et sont un élément de l’écosystème de recherche français. »

Dans quel contexte l’AFPC a-t-elle été créée ?

L’AFPC a vu le jour fin 2013 afin de mieux définir les contours de la Phase 3 (2013-2018) de la politique nationale des pôles de compétitivité. En ce début de nouveau quinquennat, Arnaud Montebourg, alors Ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique, souhaitait structurer l’écosystème et disposer d’un relai pour dialoguer avec l’ensemble des pôles. L’idée consista à créer une association plus large que le « Club des dix-huit » pôles mondiaux  qui rassemblait depuis 2006 les présidents des plus importants pôles de compétitivité français afin d’assurer une interface avec les ministères et de porter la voix des pôles de compétitivité au cœur des enjeux économiques de la France.

Quelles sont les missions de l’AFPC ?

L’AFPC s’est construite autour de trois grandes missions.

D’une part, la valorisation du rôle des pôles dans la dynamique d’innovation française avec l’Etat et les Régions. Cela recouvre la définition de la politique nationale des pôles, la relation avec les ministères, la politique autour du Fonds unique interministériel mais aussi toutes les interactions avec Bpifrance, la Direction Générale des Entreprises, la coordination des programmes de l’Agence Nationale de la Recherche. En résumé, tout ce qui structure l’écosystème français des pôles de compétitivité.

La deuxième mission consiste à porter la voix des pôles et de leurs membres auprès des pouvoirs publics européens. Nos membres se tournent de plus en plus vers l’Europe. Nous effectuons dans ce cadre tout un travail de mutualisation des ressources et tentons d’accroître l’efficacité de la politique des pôles en rationalisant les actions vers l’Europe.

Enfin, notre troisième axe consiste à faciliter l’accès des PME des pôles de compétitivité aux financements privés et aux grands marchés, autrement dit de passer de l’usine à projets à l’usine à produits. Nous nous focalisons sur le développement des entreprises en capacité de croissance en les accompagnant face à leurs problématiques de financement.

Vous êtes également le co-auteur avec Pierre Tambourin de deux rapports « Création d’entreprise par les chercheurs et intéressement des inventeurs » (2017) et « L’innovation, un enjeu majeur pour la France : dynamiser la croissance des entreprises innovantes » (2013), quels sont les enseignements que vous en tirez?

 Nous avons rédigé en 2013 avec Pierre Tambourin un rapport générique sur l’innovation qui proposait dix-neuf recommandations afin de dynamiser la croissance des entreprises innovantes.

Dans la continuité de ce travail et d’un second rapport sur la propriété intellectuelle remis en juin 2016, dans lequel nous soulignions l’intérêt de renforcer le rôle du mandataire unique dans la recherche publique pour aider à la valorisation des brevets, nous avons été sollicités par Thierry Mandon, Secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, afin de formuler des propositions permettant d’optimiser la valorisation des résultats issus de la recherche publique.

Le rapport paru en février 2017 propose ainsi un certain nombre de recommandations visant à moderniser la loi Allègre (1999) qui permet aux chercheurs du régime public de créer des entreprises. Cette loi a constitué une étape importante car elle a permis de structurer légalement la démarche innovante. Pour autant, l’état des lieux que nous dressons montre que les dispositifs qu’elle a introduits ont été peu utilisés par les acteurs de la recherche publique. Cette faible utilisation peut s’expliquer par une connaissance ou une compréhension insuffisantes des possibilités ainsi que par la perception d’une complexité ou d’une rigidité des dispositions.

A cela s’ajoutent vraisemblablement des freins psychologiques liés à un clivage historique public/privé et à des considérations statutaires. L’entrepreunariat, c’est prendre des risques, ce qui peut être en contradiction avec les missions d’un fonctionnaire. Il faut désormais permettre aux gens d’oser.

Le développement d’entreprises innovantes est un enjeu majeur pour le développement économique de la France. Nous avons préconisé quelques outils qui facilitent les lectures déontologiques et proposé des évolutions de la loi pour faciliter la création d’entreprises.

Vous connaissez parfaitement l’écosystème de la R&D et de l’innovation.  Selon vous, quel rôle y jouent les SRC ?

La dynamique d’innovation ne se fait pas d’une manière horizontale à l’intérieur d’une entreprise entre différents services ; elle se fait par les acteurs qui savent intégrer cette notion de verticalité où différents acteurs interviennent en fonction de différents services. Ceux qui savent faire cela sont dans le grand jeu de l’innovation et pas dans l’évolution incrémentale.

Des structures qui font appel à différents acteurs qui interviennent à différents niveaux de la chaîne de valeur en apportant leur technologie dans un mécanisme ouvert qui s’enrichit de ce qui est au-dessus et en-dessous d’eux. Les SRC contribuent à ce mécanisme en apportant une compétence spécifique. Les SRC répondent à des besoins d’externalisation par des tiers de certaines activités de R&D dont les résultats sont ensuite réintégrés. Elles prennent de plus en plus de sens aujourd’hui dans la mesure où l’innovation se verticalise. Les SRC contribuent ainsi à un apport auprès des entreprises. Elles ont une capitalisation forte depuis de nombreuses années et sont un élément de l’écosystème de recherche français

Le futur passe par une capacité à se projeter dans les écosystèmes innovants, dans les innovations ouvertes. Les SRC auront une interaction à la fois bilatérale puisque c’est leur nature mais s’inscriront aussi dans une logique d’innovation très ouverte pour répondre aux dynamiques nouvelles.