Ingénieur senior et Chef de projet

Bo Ni : Ingénieur senior et Chef de projet chez Bertin Technologies

Quel est votre parcours ?

D’origine chinoise et issue d’une famille d’ingénieurs, j’ai commencé la faculté en 1983 quelques années seulement après la mort de Mao Zedong. Mes années d’étudiante ont été marquée par l’arrivée du capitalisme d’état et le combat pour la démocratie et la liberté d’expression. Suite à un Master en HVAC en 1990, je suis devenu Maître de Conférence à Université de Shanghai. En 2001, j’ai obtenu un doctorat en mécanique des fluides et thermique à l’ENSMA (Poitiers), en collaboration avec la Chine.

Installée en France en 2002, j’ai commencé ma carrière dans le privé en tant qu’ingénieur au sein du bureau d’études de Brandt Industries en Vendée où j’ai travaillé à l’amélioration des performances et consommations d’énergie pour les nouvelles générations de lave-linges et lave-vaisselles. Puis en 2006, j’ai rejoint la société Litélis en tant qu’ingénieur sur un projet de production d’énergies vertes à base de biomasse et de déchets. C’est au cours de cette expérience que j’ai fait la connaissance de Bertin Technologies que j’ai intégré en 2010 alors que mon mari, Directeur de Recherche du CNRS venait d’être muté à l’Institut d’Optique à Saclay.

A mon arrivée en France j’ai été très surprise par la place des femmes dans l’industrie. Alors que la Chine compte près de 10 millions ingénieurs et que les femmes jouent un rôle important dans le développement des sciences et des techniques, en France et plus généralement en Europe, on voit peu à peu la mixité diminuer à mesure que les étudiantes avancent dans leur cursus. Je déplore l’essoufflement des vocations et la sous-représentation des femmes à des postes à responsabilités, avec la présence trop rare de modèles capables d’incarner aux yeux des jeunes filles la réussite. J’ai grandi avec le modèle de ma mère qui a mené de front sa vie de mère de famille de 3 enfants et sa carrière d’ingénieur.

En quoi consiste votre métier ?

Je suis ingénieur chez Bertin Technologies mais mon métier revêt des facettes très différentes. Environ 30% de mon temps est consacré à des calculs et des analyses en mécanique des fluides et thermiques pour la conception et le développement de nouveaux produits/équipements (éjecteurs, Coriolis up, Sterilwave, filtres et limiteurs de débit pour centrales nucléaires, etc.).

J’exerce également des fonctions de management de projets (9 projets pendant 4 ans) où je prends en compte les besoins de mes clients et je m’assure de la bonne gestion du projet en optimisant les paramètres de coûts, de délais et je coordonne la bonne exécution des travaux.

Une partie de mon activité est également dédiée à un travail de responsable commercial et technique pour les éjecteurs, les cyclones, les refroidisseurs et les filtres de puisards pour les centrales nucléaires. Cette partie de mon travail exige de nombreux déplacements à l’étranger.

Qu’est-ce qui vous a séduit pour faire ce métier ?

J’aime les technologies et le métier d’ingénieur s’est naturellement imposé à moi. J’aime comprendre et décortiquer les problèmes. J’ai une exigence du détail. Et, comme beaucoup de femmes, j’aime me dire que mon travail améliore le quotidien. L’ingénierie a un apport colossal sur la vie des hommes et c’est à la fois gratifiant et motivant.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

Résoudre des problèmes, apprendre de nouvelles choses, explorer de nouveaux domaines, comprendre le comportement des systèmes pour les améliorer. Mon quotidien est fait de challenges constants dans des secteurs d’activités très diversifiés, le traitement des déchets, le nucléaire, la lutte contre les menaces chimiques ou bactériologiques, etc. En tant que chef de projet on est responsable de l’avancement et de la réussite de son projet. L’aboutissement du projet, la satisfaction du client sont également des éléments très motivants.

De quel projet êtes-vous la plus fière ?

J’ai pris beaucoup de plaisir à travailler sur le projet IF-REACT financé par la Commission Européenne dans le cadre du programme FP7. Coordonné par l’Université Paris-Est Créteil (UPEC), ce projet de recherche a réuni pendant 3 ans, un consortium de 11 partenaires de 6 pays européens dont Bertin Technologies.

Son objectif était de développer des tenues de protection adaptées aux risques nucléaires, radiologiques, bactériologiques et chimiques destinées aux premiers intervenants civils (pompiers, sécurité civile, samu, militaires, etc.) sur les lieux d’un accident industriel ou terroriste. Dans le cadre de ce programme nous avons réfléchi chez Bertin Technologies sur le concept d’emploi d’un biodosimètre portable (Coriolis up) capable de collecter en continu les substances biologiques inhalées pour minimiser au plus vite l’impact des éventuelles contaminations sur leur santé. Nous avons également assuré la miniaturisation de la technologie cyclonique de collecte pour atteindre un équipement de la taille d’un smartphone.

Enfin, nous avons interfacé et intégré cet équipement sur les nouvelles tenues opérationnelles. Ces équipements totalement innovants ont été testés lors d’une série d’exercices sur la base de défense aérienne de Cazaux. Le projet s’est clôturé en décembre 2014.