L’Insee définit l’industrie comme les activités économiques qui combinent des facteurs de production (installations, approvisionnements, travail, savoir) pour produire des biens matériels destinés au marché. Ensuite les nomenclatures des activités industrielles prennent le relais. L’ASRC s’est livrée à l’exercice délicat de les revisiter.

Il n’est pas rare de s’interroger régulièrement sur ce qu’est réellement l’industrie au même titre que l’innovation. Et il est plus rare de trouver une définition totalement satisfaisante. Les classifications ou nomenclatures des activités industrielles sont également très variées et ont évolué au fil des années. Elles ont le mérite de faciliter la comparaison entre zones géographiques et d’en étudier l’évolution. Cependant, elles impliquent une certaine étanchéité entre les différentes activités industrielles et peuvent générer inconsciemment un certain degré de fermeture. La vision stratégique d’une entreprise est souvent ancrée dans la définition même de son métier.

Prenons l’exemple d’une entreprise qui réalise aujourd’hui 100% de son chiffre d’affaires en produisant et commercialisant des éléments en caoutchouc pour l’automobile. Indépendamment de toute notion de nomenclature, elle pourrait se définir comme une entreprise du secteur automobile. Mais il est fort à parier qu’elle minimise ainsi inconsciemment sa capacité à pivoter sur sa compétence clef qui est très probablement la transformation du caoutchouc plus que l’automobile. Ainsi, en se définissant comme entreprise au service de la mobilité ou une entreprise de transformation de caoutchouc, elle s’ouvre un champ des possibles plus vaste et se met en position de créer des passerelles. Nous l’avons dit dans des précédents numéros, une des forces des SRC est bien d’œuvrer aux passerelles, qu’elles soient entre les technologies, entre les acteurs (académiques et industriels), entre les domaines d’application ; ce que nous avons nommé fertilisation croisée (360° R&D, novembre 2013, n°4) ou encore caméléons (360° R&D, janvier 2013, n°1).

Dans cette logique de rapprochement entre les acteurs, les pôles de compétitivité ou encore le Conseil National de l’Industrie – CNI (précédemment Conférence Nationale de l’Industrie) apportent une pierre à l’édifice. Le CNI regroupe 14 comités stratégiques de filière : Aéronautique, Alimentaire, Automobile, Biens de consommation, Bois, Chimie et Matériaux, Éco-industries, Ferroviaire, Industries extractives et de première transformation, Industries et Technologies de santé, Mode et Luxe, Naval, Nucléaire et Numérique. Très probablement structurantes, on peut cependant s’interroger quant à la transversalité possible entre ces filières. Au même titre que l’enchevêtrement des paradigmes technologiques, on peut imaginer que les innovations de demain seront aux frontières de deux ou de plusieurs filières. La réflexion menée par l’ASRC se nourrit de cette hypothèse. Elle est également alimentée par la nécessité de redonner à l’industrie sa juste valeur aux yeux du plus grand nombre et sa contribution dans notre quotidien.

Basiquement, la typologie proposée par l’ASRC s’inspire de cela : l’industrie répond à des nécessités, besoins et usages : Se nourrir – Prévenir et (se) guérir – Se loger –  Se déplacer – Produire, stocker et consommer de l’énergie – échanger – Se divertir ; la vision devient systémique et holistique. Cette typologie ne se veut pas révolutionnaire, elle a pour simples ambitions d’inclure de nouveaux enjeux, de s’affranchir de certains codes, d’offrir une autre manière d’appréhender l’industrie, sans toutefois se risquer à la définir, au-delà du rôle qu’elle joue dans la vie de chacun.

Une typologie des filières industrielles issue du croisement entre technologies, usages et acteurs. Cette typologie peut s’entendre à plusieurs niveaux : l’individu, un groupe d’individus, une unité géographique ou une nation.